La première fois, il avait explosé dans le four : littéralement explosé.
Jamais vu ça, personne n'avait jamais vu ça, nous étions tous consternés et très tristes ...
Je me souviens très bien avoir plongé mon regard dans le seul oeil qui lui restait, et avoir promis, silencieusement, de le refaire, coûte que coûte.
Et l'été a passé...
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Je ne l'ai pas oublié ...
L'automne venu, lorsque l'atelier de poterie a ouvert ses portes, j'ai découpé un gros morceau de terre grise et je l'ai recommencé, petit à petit, patiemment, tous les vendredis matins.
C'est long le modelage, les copines, vraiment très long...
Pétrir, façonner, creuser, modeler, tenter de donner une forme, puis une expression, espérer que la magie de la terre sera au rendez-vous ...
Deux oreilles trop pointues et, sans rien y comprendre, vous avez un chien devant vous !
Un museau plus allongé : c'est un loup, plus court : un chat ...
L'emplacement des yeux m'a donné un mal fou !
L'ours a ressemblé successivement à tous les animaux de la création : particulièrement au dauphin et au phoque, mais jamais, au grand jamais au roi de la banquise !
Les copines de l'atelier de poterie, riaient, me taquinaient, le temps passait, les vendredis matins se suivaient et se ressemblaient ...
Et je recommençais, encore et encore ...
L'énervement et la colère étaient parfois au rendez-vous, mais les copines m'encourageaient : "courage, ça commence à venir, on devine l'ours, essaie encore"...
Et moi, je pensais tout bas : "sale bête, j'y arriverai jamais" !
Et puis un matin, j'ai senti qu'il était fini ...
J'ai poussé un gros soupir de soulagement (lui aussi, je crois !),
j'ai posé mes outils et, dans le silence de l'atelier, nous nous sommes longuement regardés l'ours et moi ...
Mais il lui fallait encore passer, par deux, fois l'épreuve du feu...
Je vous raconte pas l'angoisse, les copines !
La première cuisson lui a laissé une grosse entaille à la gorge, mais il s'est sorti brillamment de la deuxième cuisson !
Je crois bien avoir versé quelques larmes de soulagement ...
A l'atelier c'était la joie, nous nous sommes embrassées !
J'ai rêvé et créé l'ours, avec toute ma tendresse, (et beaucoup d'obstination !) pour l'offrir la nuit de Noël ... et espérer ainsi rendre le sourire à une amie, anéantie par le décès de sa soeur adorée.
Cette femme était une artiste extraordinaire. A la fin de sa vie, elle s'est mise à peindre avec beaucoup de talent, des ours, des ours blancs ...
Chères copines, et chers copains, je vous souhaite un très joyeux Noël, de belles Fêtes et vous embrasse tendrement, toutes et tous. A bientôt ... Valroselou